Depuis L'Hospitalet-près-l'AndorrePyrénées-Orientales

Le Pic dels Pedrons 2715m dans la haute vallée de l’Ariège.

Voici un sommet, le pic dels Pédrons (2715m) que l’on voit de loin en remontant la vallée de l’Ariège, à partir de Mérens les Vals. Il se trouve aussi dans le département des Pyrénées-Orientales. Comme c’est souvent le cas, dans la zone catalanophone, les lieux-dits en pera, pedra et leurs dérivés désignent des lieux pierreux (moraines rocheuses, éboulis…) (Andorre -Lexique : Vie pastorale de Joan Becat, 2010). En l’occurence, il s’agit probablement d’une allusion à la crête sommitale rocheuse qui se démarque du reste composé de prairies d’altitude sur le versant nord en tout cas. Pour en faire l’ascension, il existe un itinéraire simple, sans difficulté qui en deux heures de temps, et huit cents mètres de dénivellation) permet à la fois d’en gravir le sommet mais aussi de se promener dans les zones de pâturages et de visiter un charmant petit lac. L’itinéraire n’est pas balisé, et tant mieux. Il s’agira de laisser sa voiture au bord de la route nationale qui monte au Pas de la Casa, environ un kilomètre après la croisade (où a été détruit l’ancien petit bâtiment des Douanes qui datait de 1933 me semble-t-il), sous les mines du Puymorens. De là, il n’y a plus qu’à remonter la vallée, suivre les sentes des animaux d’élevage, à travers les rhodendrons, callunes et autres genévriers, des crocus, des petites gentianes acaules violettes ou printanières bleues et les restes des grandes jaunes desséchées. On coupera le sentier qui joint le col du Puymorens au Pas de la Casa un peu plus haut et tôt ou tard, on rejoindra le ruisseau de Baladrar dont la source est au petit lac sans nom sus-mentionné. En somme, depuis le parking du bord de la route, il s’agit de faire son itinéraire à vue vers le sommet qui est nettement visible. En moins de deux heures, on sera là-haut en ne perdant pas de temps.

Photo 1 : Au fond , au centre, le Pic dels Pedrons…

Le panorama depuis le sommet est large puisqu’il court de la Maladetta (au loin dans les nuages largement en ce jour) au Canigou en passant par les montagnes d’Andorre, le massif du Montcalm, le Carlit et la Haute-Ariège. Et ce qu’il y avait de remarquable également, c’est que la Montagne Noire et au-delà dans le massif central étaient nettement visibles. Le panorama était beau mais le silence qu’on attendait légitimement à cette altitude fut pollué fortement par les nuisances des bruits de moteurs du circuit de course automobile installé juste en face sous le port d’Envalira et au dessus du Pas de la Casa, lui-même en contrebas de là où nous étions. Ça en devenait grotesque.

Heureusement le petit lac à à peine moins de 2400 mètres d’altitude est un enchantement, l’eau est claire et sa forme arrondie se blottit au pied du versant final entre les modelés morainiques et nous laisse presque en dehors du temps. Plusieurs grosses truites ont pu y être observées et on se dit que la pause ici faite est un vrai bonheur. Nous étions seuls et bien contents de l’être.

Photo 2: Vers 2390 mètres… En arrière plan, le pic de la Mine du Puymorens.

L’enchantement fut tout de même à relativiser malheureusement car de nombreux déchets grossiers de plastique ont été relevés le long de la partie médiane de l’itinéraire. On ne pourra que s’offusquer, en ce qui me concerne s’énerver, devant tant de désinvolture et d’irrespect. J’ai ramassé l’équivalent d’une poche entière de supermarché de déchets tout du long. En fait, il s’agit là probablement des traces laissées par les contrebandiers qui rentrent du Pas de la Casa et qui prennent cet itinéraire pour éviter le poste de frontière plus bas, et qui n’ont visiblement pas la culture de la montagne propre, comme on a pu me le dire de manière agacée, à L’Hospitalet près l’Andorre. De la cabane de berger, installée à côté du ruisseau de Baladrar vers 2300 mètres, et dont la partie basse de la porte était enfoncée et donc ouverte, on pouvait voir, plus en bas, les éleveurs qui semblaient rassembler les chevaux pour les descendre. On s’est dit à ce moment-là, ah chouette, voilà des gens qui aiment la montagne. Nous avons eu tôt fait de les rattraper après avoir suivi leur itinéraire :

– Ah bonjour, vous avez oublié sur votre chemin un saut en métal, genre pot de peinture, un peu plus haut. D’ailleurs on le voit d’ici, là-bas…

– Ah non, ce n’est pas nous… il y était déjà!

J’en avais un peu marre de ramasser les déchets des autres…

Photo 3: La cabane de berger… mise en place par l’association Esprit Altitude , fondée par Maxime Totaro, qui favorise l’implantation d’abris de berger, légers et confortables et qui révolutionne ainsi l’abri en montagne. Ils ne doivent en effet pas peser plus de 900 kilogrammes pour pouvoir être éventuellement héliportés. Ils ont fait appel au cabinet d’architecture la Papyr de Saint-Laurent de Neste. La surface au sol est de 7,5 m2 pour une surface habitable de 4m2 habilement conçue, dans son armature en acier, habillée d’un bardage en bois, et équipée d’une installation voltaïque.
Photo 4: La mine du Puymorens
Photo 5: En redescendant… comme une conclusion.

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